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Layher : l’héritage préservé du Mittelstand

Implantée au fin fond du Bade-Wurtemberg, l’entreprise réalise les deux tiers de son chiffre d’affaires à l’export, mais a maintenu l’ensemble de sa production sur son site historique de Güglingen-Eibensbach.

Le groupe Layher, dirigé par Georg Layher et Carolin Langer, a gardé un ancrage régional très fort et a préféré agrandir son site historique que de délocaliser une partie de sa production

L’entreprise a conçu la tribune des Jeux Olympiques de Sotchi et contribué au ravalement de la façade de l’Opéra de Paris. La fiabilité de ses produits est prisée aussi bien des majors d’Hollywood que des opérateurs de centrales électriques. Layher, leader européen de l’échafaudage, est une entreprise typique du Mittelstand : elle siège à Güglingen-Eibensbach, un village de 6.000 habitants situé au fin fond du Bade-Wurtemberg, est dirigée par la famille fondatrice depuis trois générations et se distingue par sa capacité d’innovation.

« Mon grand-père a commencé en 1945 à construire des échelles en bois dans son garage », raconte Georg Layher, directeur général et actionnaire. Au fil des années, la société a élargi sa gamme et ses matériaux. Aujourd’hui, l’essentiel de ses systèmes d’échafaudage est fabriqué en acier ou en aluminium. Son chiffre d’affaires atteint environ 500 millions d’euros, dont deux tiers sont réalisés à l’exportation. Ses effectifs : 800 employés. « Nous ne produisons que sur notre site historique », se félicite Carolin Langer, directrice adjointe du groupe, elle aussi descendante de Wilhelm Layher.

Un rapport gagnant-gagnant

L’ancrage local, c’est le secret de ce champion caché, comme on décrit souvent le « Mittelstand ». Pas question de délocaliser dans le seul but de réduire les coûts. La priorité est de garder la main sur la fabrication, pour réagir le plus vite possible aux demandes des clients et assurer une innovation continue permettant de justifier des prix relativement élevés. « La capacité à livrer très vite est essentielle, souligne Carolin Langer. Une commande de pièces détachées passée aujourd’hui peut être livrée demain. » Les gros projets, eux, sont conçus par des ingénieurs sur plusieurs semaines. Pourtant, le village d’origine de la société est tout sauf attractif pour une entreprise. Il n’est desservi ni par une autoroute, ni par le train, ni par voie fluviale. Un cauchemar dans un monde globalisé. Qui a bien failli être fatal à l’entreprise. Créée au centre du village, sa croissance a vite été limitée. « Pour maintenir son leadership sur le marché mondial, la société a eu besoin de grandir, explique le maire, Klaus Dieterich. Avec le soutien du ministère de l’Economie du Land de Bade-Wurtemberg, nous avons pu convertir une partie de la forêt en terrain industriel. »

 

Un attachement dans la durée

Grâce à cela, une nouvelle usine optimisée et ultra-automatisée a pu être construite à la périphérie du village dans les années 1990, puis une deuxième usine dédiée à la fabrication en aluminium il y a cinq ans. « Layher apporte beaucoup à la ville, mais l’apport est réciproque », souligne le maire, pour qui le véritable secret de cette réussite réside avant tout dans l’équilibre gagnant-gagnant entre un bon employeur et une main-d’oeuvre qualifiée qui lui reste fidèle. « Les enfants des employés effectuent leur formation en alternance dans l’entreprise », explique-t-il. Un vrai écosystème… Les enfants de la famille fondatrice grandissent et vont à l’école avec ceux du personnel. Tout cela garantit une forme de discipline et d’attachement dans la durée, souligne le directeur général, qui entretient aussi des relations privilégiées avec l’autre société familiale du village, Weber Hydraulik, un fabricant de composants hydrauliques. « Nous ne dépensons pas notre argent de manière luxueuse et démonstrative, insiste-t-il. Au contraire, on se comporte discrètement et le capital est réinvesti dans la société et, de cette, façon, transmis aux futures générations. » Autant dire que la famille Layher reste pantoise devant le train de vie de son concurrent français Altrad, dont le patron Mohed Altrad est également actionnaire du club de rugby de Montpellier.

 

Écrit par Thibaut MADLIN, le 18/03/2014, Correspondant « Les Echos » à Berlin – Crédit Photo Les Echos.fr

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